Françoise Tenenbaum de A à Z

A comme amitié
La semaine de l’Europe que vous avez organisée avec l’OPAD n’est-elle pas aussi la fête de l’amitié entre les peuples ?
Les relations entre les Etats sont essentielles. Comme elles le sont entre les individus.
L’Europe est une garantie pour la paix et la justice sociale et c’est pour cela, entre autre, qu’il faut la conforter. L’OPAD entretient des relations d’amitiés avec d’autres associations internationales comme celle de Mayence par exemple.

B comme Bourgogne
Etes-vous favorable au rapprochement avec la Franche-Comté ?
Oui. J’ai longtemps travaillé à la CRAM Bourgogne Franche-Comté. J’ai donc sillonné les deux régions. Nous avons des différences certes mais nous avons tout intérêt à avoir de grandes régions fortes comme les « Länders » chez nos voisins allemands. Il y a des potentialités à développer dans les domaines de l’industrie, de la culture, du tourisme et des transports.

C comme Complicité
Comment ce mot intègre-t-il votre quotidien d’élue ?
Il est important d’être proche pour vivre ensemble. Ce qui ne veut pas dire que l’on doit vivre de la même façon. On doit partager le quotidien dans le respect des uns et des autres. Il faut y mettre de la complicité. Complicité avec les Dijonnais quand on se parle dans la rue, complicité avec les autres élus, les services municipaux… C’est la meilleure manière pour avancer efficacement.

D comme Divaa
Seniors, aînés, personnes âgées ou troisième âge… personne ne sait vraiment comment nommer les plus de 60 ans. Mais la question générationnelle n’élude-t-elle pas la question sociale ?
Pourquoi l’éluderait-elle ? Question générationnelle et question sociale vont ensemble. C’est intrinsèque. Les seniors ne doivent pas être considérés comme un problème social ou de dépendance. C’est d’abord une force de l’âge. Des citoyens impliqués dans la vie sociale jusqu’à 75 voire 80 ans et qui rendent souvent des service aux autres. Dijon est labellisée « ville amie des aînés ». Ca veut dire qu’on s’en occupe beaucoup. Regardez l’OPAD et toutes ses activités. Et pas seulement des activités de consommation. On porte des livres, des magazines, de la musique à ceux qui ne peuvent plus se déplacer et en même temps nos adhérents vont dans les écoles pour y conter de belles histoires aux enfants. Certains seniors ont même été embauchés dans le cadre des activités générées par les nouveaux rythmes scolaires.

E comme Ecoute
Comment faire pour que les services sociaux ne perdent pas cette qualité au fil du temps ?
C’est le problème des élus qui ne doivent pas s’éloigner de la démocratie de proximité. Les services sociaux ont parfaitement conscience que c’est d’abord l’écoute qui précède l’efficacité de l’action. La catastrophe engendrée par la canicule de 2003 apporte bien la preuve qu’il faut être très attentif et donc à l’écoute. Etre à l’écoute ce n’est pas seulement une attitude passive, c’est aussi aller vers l’autre. Il ne peut en être autrement.

F comme Foot
Vous avez souhaité que le ballon rond intègre les activités de l’OPAD…
Il y avait déjà la gym, la natation, la randonnée pédestre, les ateliers équilibre…
Le foot peut être une excellent porte d’entrée pour intégrer des adhérents masculins. Il y 80 % de femmes à l’OPAD. Si on veut trouver la parité, il faut donc trouver des activités qui intéressent les hommes. On pense aussi proposer prochainement du basket, du volley…

G comme Gauche
Pour vous, qu’est-ce qu’être de gauche aujourd’hui ?
Je milite inlassablement pour un égal accès aux droits et aux services. A Dijon, par exemple, j’ai obtenu que les tarifs de l’ensemble des services soient proportionnels aux ressources des demandeurs. La solidarité doit être sans faille. Certains seront plus aidés plus que d’autres. Il ne faut jamais s’éloigner de la réalité sociale.

H comme Hommes
Vous souhaiteriez en voir un peu plus dans les activités de l’OPAD ? Comment les attirer ?…
C’est un vrai problème. Où sont les hommes ? On les trouve dans les milieux sportifs, beaucoup moins dans les milieux associatifs. Dans le milieu universitaire, c’est pareil. Il y a maintenant plus de femmes à l’UFR des Sciences de la Santé, à Agrosup… C’est pour cela que nous allons proposer des activités sportives qui séduisent naturellement les hommes. Comme le foot évoqué plus haut.

I comme Isolement
Encore trop de personnes âgées souffrent d’isolement. Comment résoudre ce problème récurrent ?
L’OPAD a décidé de « réenchanter » le dimanche. De le rendre moins triste pour certains. C’est pourquoi, la structure est désormais ouverte 7 jours sur 7.
On peut aussi parler de Monalisa, le label qui nous a été décerné par le ministère des Affaires sociales qui a reconnu le travail réalisé par l’OPAD pour réduire l’isolement des personnes de grand âge. On leur porte la culture à domicile avec des étudiants de l’ESC, on les incite à sortir de chez eux… Et sur ce point, le CCAS propose également des activités sur mesure.

J comme Joie
Peut-on ressentir des moments de joie dans une délégation aussi délicate que la vôtre ?
Oui. Heureusement. Par exemple, quand on a réussi à mettre en place un projet. Quand on a eu le premier prix à Istanbul pour notre projet de site internet dédié aux villes amies des aînés sur lequel elles pourront échanger leurs bonnes pratiques. D’autres joies encore avec l’ouverture du village seniors, des nouveaux locaux du centre d’accueil de jour des Marronniers, la création avec le soutien de la ville de Dijon et de la Mutualité française de l’EHPAD Pierre Laroque. Dans le social, il n’y a pas seulement les aides financières. Il y a aussi l’orientation des personnes qui nous sollicitent, l’ouverture des portes pour trouver la bonne voie… Tout cela génère de belles satisfactions. Je pense aussi aux Dijonnais qui m’accostent pour me rappeler que nous les avons aidés…

K comme Kafka
L’univers de Kafka est toujours bien présent. Avez-vous trouvé un remède pour simplifier les démarches administratives dans le secteur que vous gérez ?
On ne peut pas nier que l’administration est parfois compliquée. C’est pourquoi je dis toujours que les services municipaux sont là pour aider les particuliers et les associations à faire leur dossier. Kafka a aussi dit autre chose que l’on connait moins :  » L’homme est condamné à vivre et non pas à mourir « . C’est cela qui doit nous motiver.

L comme Libertés
Vieillir n’est-ce pas restreindre ses libertés ?
La liberté, c’est une ambition républicaine très forte. Les actifs diront que les jeunes seniors bénéficient d’une grande liberté. Liberté du temps retrouvé. Jusqu’à quel âge jouissent-ils vraiment de cette liberté et à quel moment la société les rattrape et limite leurs libertés ? On pense bien évidemment aux personnes dépendantes. N’oublions pas non plus celles qui subissent une désorientation mentale. Et là, la société s’organise pour héberger dans des lieux plus ou moins clos ces personnes. Les gestionnaires de ces structures s’interrogent d’ailleurs sur cette notion de liberté qui ne doit pas faire défaut à leurs pensionnaires. Liberté d’aller et venir. Liberté de penser, de s’exprimer mais aussi liberté sexuelle que les EHPAD ont bien souvent du mal à admettre.

M comme Ministre
François Rebsamen ministre. Comment se passe la vie municipale sans lui ?
D’abord, c’est une grande fierté pour Dijon. Une grande fierté aussi pour les élus que nous sommes de voir l’un des nôtres accéder à un tel niveau. François Rebsamen ne pouvait pas refuser cette mission mais je dois avouer que c’est un peu de magie qui est partie avec lui, même si nous le revoyons dans les conseils municipaux ou au Grand Dijon.

N comme Non
Un élu arrive-t-il à dire non ?
C’est toujours compliqué pour un élu de dire non. Pour autant cela ne doit pas l’empêcher d’expliquer pourquoi il refuse. C’est dans ce rôle pédagogique qu’il doit s’inscrire pour motiver un refus. Une sollicitation qui ne s’inscrit pas dans un cadre éthique doit impérativement déclencher une réponse négative.

O comme OPAD
Une association qui fait votre fierté…
Indéniablement. L’OPAD, c’est la joie de vivre, c’est le bonheur. Plus de 2 200 adhérents à ce jour. Une progression de 40 % en deux ans. Un succès auquel il convient d’associer évidemment Pierre Pertus, le directeur. Un homme efficace qui fourmille d’idées.

P comme Projets
Que peut-on imaginer encore comme projets pour améliorer la vie des seniors ?
D’abord, on écoute les seniors car ils ne manquent pas d’idées. Même si l’OPAD propose une centaine d’activités, il n’empêche que nous réfléchissons à des projets internationaux, culturels et sportifs. Et si les activités se déroulent dans toutes les salles de la ville, il nous faut être présent physiquement dans tous les quartiers. Pour cela il faut des antennes qui permettront de mieux informer encore et de démontrer que n’importe qui est à même d’être adhérent. C’est pour ces personnes que nous organisons le 27 mai prochain une journée porte ouverte salle Devosges, de 10 à 17 heures.

Q comme Questions
Quelles questions vous posez-vous sur l’évolution de la vie des seniors ?
Comment rester chez soi le plus longtemps possible ? C’est aux institutions de faire le nécessaire pour que les services arrivent à domicile. Comment résoudre l’inégalité d’accès dans les établissements pour personnes âgées dépendantes ? Là, je plaide pour que l’on n’ait plus cette tarification en trois parties dont une part importante à la charge des résidents et de leurs familles. J’ai aussi une certitude : les seniors s’impliqueront de plus en plus dans la vie de leur cité.

R comme Ronsard
« Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle »… Comme Ronsard, pensez-vous qu’il faille « cueillir dès aujourd’hui les roses de la vie » ?
Evidemment. Seniors ou pas, il n’y a pas d’âge pour cela. Ronsard me fait dire qu’à partir du moment où l’on voit de plus en plus de cheveux blancs dans la rue, on est en train de changer d’esthétique. La société est en train de s’adapter. Et c’est tant mieux.

S comme Santé
Certainement le mot auquel vous êtes le plus attachée ?
J’ai passé toute ma vie dans ce secteur. Je suis géographe de la santé. Je pense que l’accès de tous à la santé, sur un plan géographique ou financier, est vraiment un travail quotidien. La démocratie sanitaire a fait beaucoup de progrès. Il en reste à faire notamment dans les établissements médico-sociaux. Le citoyen doit pouvoir exprimer concrètement ses besoins et donner son avis sur l’organisation des services de santé. Je prône depuis toujours le travail en équipe. Tout n’est pas à faire par des médecins. Des infirmiers, d’autres personnels de santé peuvent tout à fait être un premier recours, surtout dans les zones les plus éloignées des grands centres médicaux. Et l’on doit pouvoir réorganiser la santé dans ce sens-là.

T comme Technologies
Françoise Tenenbaum est-elle sur facebook  ?
Non, je suis sur twitter. Et je twitte quasiment tous les jours. Je viens de renvoyer le twitt de Libération sur les régions du temps de Hugues Capet où la Bourgogne s’étendait jusqu’à Rhône-Alpes…

U comme Urticaire
Qu’est-ce qui vous agace le plus ?
Je n’aime pas la suffisance, l’incompétence et l’infidélité.

V comme Victor Hugo
Cultivez-vous « l’art d’être grand-mère » ?
Avec un grand bonheur. J’ai trois petits-enfants et nous en attendons un quatrième.

W comme wagon
Un wagon pour slogan ?
Je réclame depuis plusieurs années un wagon pour la culture à la Région qui dépense beaucoup d’argent pour les TER. Et pour avoir plus de budget pour la culture, mon slogan c’est : « un wagon pour la culture ». Donnez-nous l’équivalent financier d’un wagon de TER pour la culture…

X comme Xénophobie
Quel est le meilleur moyen pour lutter contre ?
Se connaître. Mieux se connaître. Se respecter. Je suis effarée par les gens qui jettent l’opprobe sur ceux qu’ils ne connaissent pas. Le meilleur moyen de lutter contre la xénophobie, c’est d’expliquer la culture des autres.

Y comme York
La notion de jumelage est également présente au sein de l’OPAD ?
Quand on dit York, on pense à la ville anglaise jumelée avec Dijon. On peut aussi citer Mayence. La notion de jumelage a beaucoup évolué et l’OPAD propose des actions très concrètes avec ses homologues à l’étranger. On peut apprendre beaucoup sur la façon de vivre des seniors autre part. Et il faut rendre hommage à Pierre Berry qui a été le premier président de la commission internationale au sein de l’OPAD

Z comme Zapper.
Zapper vous donne de l’énergie ?
Oui et c’est simple. Il faut savoir zapper intelligemment d’une activité à une autre. Ca donne de l’énergie de pouvoir s’investir dans des domaines différents. L’OPAD, la santé, le CCAS, la culture…

Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE