Qu’on ait pris place dans la salle de Flore, qu’on ait suivi le conseil depuis internet, qu’on ait même été élu et siégeant parmi les 59 conseillers, on s’est tous frotté les yeux devant ce qui se passait pour être sûr qu’on ne rêvait pas : Alain Millot se voyant remettre l’écharpe de maire de Dijon par François Rebsamen lui-même, incontournable maire depuis 2001 et de nouveau vainqueur des élections quelques jours plus tôt, cela méritait effectivement qu’on se pinçât.
Cette scène avait été précédée de beaucoup d’émotion, visible sur tous les visages : monsieur le ministre du Travail, de l’Emploi et du Dialogue social, aperçu la veille sur le perron de l’Elysée, était présent pour ce premier conseil municipal de sa ville de coeur : et il avait la gorge un peu serrée pour dire qu’il l’aimait, sa ville natale, qu’il ne l’abandonnait pas et que c’était aussi pour le bien de cette ville qu’il avait accepté le porte-feuille le plus délicat du remaniement.
En même temps, beaucoup ressentaient un vague malaise : c’était cet homme-là, François Rebsamen, qui avait été élu le dimanche précédent, lui qui figurait sur les affiches, lui qui avait présidé toutes les réunions publiques de la campagne, lui qui avait annonçé bilan et programme, et c’était bien pour lui qu’on avait voté, pas pour Alain Millot, peu connu du grand public. Et ce n’était pas cet homme-là qui allait être maire !
Les applaudissements qui suivirent l’élection du premier magistrat, l’accolade entre les deux hommes, les premiers balbutiements du nouveau maire, tout cela petit à petit s’estompa. Parce qu’on ne doutait pas de la valeur de celui qui était premier adjoint efficace et discret depuis 2001, conseiller général de surcroit, et fidèle parmi les fidèles du nouveau ministre. On se réjouit même de l’entendre dire d’emblée sa fidélité et son désir d’être, même par intérim, le maire de tous.
On élit ensuite les 21 adjoints, “dont cinq chargés des quartiers”, et on remarqua combien le dosage politique était subtil (PS, Modem, EELV), on nota que la garde rapprochée de l’ancien maire était bien là (Georges Maglica n° 3, Colette Popard n°4, Pierre Pribetich n°5, sans oublier Anne Dillenseger, André Gervais, Didier Martin, tous dans les dix premiers) et que le poste de premier adjoint attribué à Nathalie Koenders était une belle ouverture et un joli hommage rendu à une jeune élue combative et enthousiaste.
Restera à observer ce qui se passera dans la nouvelle assemblée du Grand-Dijon où François Rebsamen doit aussi siéger…
Michel HUVET