La droite est loin d’avoir fait le plein de ses voix lors des deux tours du scrutin municipal. Comment expliquez-vous ce score décevant ?
Il y a un contexte local qui est particulier. Les Dijonnais ont souhaité reconduire l’équipe en place qui a su communiquer efficacement pour vendre un bilan qui, à mon sens, est critiquable à beaucoup de points de vue. Soulignons également qu’il y avait une offre électorale beaucoup plus importante que précédemment. Le Front national, par exemple, absent du scrutin de 2008, a fait un score important sans oublier le résultat significatif de la liste de David Lanaud du Gray. Ce sont des éléments qu’il faut prendre en considération dans la lecture des résultats.
Alain Houpert a été décrié par certains de ses « amis » à droite qui pèsent sur la vie politique locale ? Pensez-vous que c’était le meilleur candidat pour affronter François Rebsamen ?
Au regard des candidatures qui sont apparues, Alain Houpert avait le meilleur profil. Et le fait qu’il soit parlementaire a évidemment pesé sur le choix qui a été fait par la commission nationale de lui donner l’investiture. C’est quelqu’un qui est profondément humain, à l’écoute, avec sa personnalité différente, originale. Alain Houpert a fait une bonne campagne, avec un équipe intéressante. Mais la notoriété est une question fondamentale quand on se présente à une élection municipale. Etre sympathique ne suffit pas. J’ai vécu cette expérience en 2008. Alain Houpert n’est pas suffisamment connu. C’est incontestable. Il faut être connu et reconnu pour envisager de conquérir une ville de la taille de Dijon. Ce qui n’était pas encore complètement le cas pour Alain Houpert dont les projets forts du programme ne sont pas apparus suffisamment clairement.
N’avez-vous pas l’impression que vous auriez fait mieux qu’Alain Houpert six ans après la campagne que vous aviez menée à Dijon ?
Vous savez, on ne refait pas le match. Le contexte local en 2014 était profondément différent de celui de 2008. Difficile donc de dire si je pouvais faire mieux ou moins bien.
On a l’impression que la droite dijonnaise ne s’est jamais remise de sa défaite de 2001 et qu’elle n’avance depuis que dans la désunion et la désillusion ?
Je ne suis pas d’accord avec cette façon de voir les choses. La droite à Dijon n’est pas en si mauvais état que cela. On le verra dans les prochaines échéances et plus particulièrement pour les élections départementales et régionales en mars 2015.
Depuis 2001, beaucoup d’efforts d’unité et de reconstruction ont été entrepris. Et avec des résultats. Je rappelle que de 2008 à 2014, nous avions un seul et même groupe d’opposition au sein du conseil municipal qui a fait un certain nombre de propositions de fond pour Dijon. Aujourd’hui, la même ligne se poursuit car il n’y aura qu’un seul groupe dont la présidence a été confiée à Anne Erschens, numéro 2 de la liste d’Alain Houpert. Il y a des nouveaux talents, hommes et femmes, qui émergent et c’est plutôt rassurant.
Et ce sont ces nouveaux talents qui s’imposeront plutôt qu’un « parachuté » pour préparer 2020 ?
Parler des municipales de 2020 aujourd’hui est vraiment trop prématuré. Il y a des contextes national, régional, départemental et local qui ne seront pas les mêmes. Il y a des échéances qui vont rythmer cette période et ce sont d’abord ces dernières qui vont nous occuper. Il y aura aussi les évolutions législatives en terme de réforme territoriale qui vont bouleverser les paysages locaux mais aussi l’application de la loi sur le cumul des mandats en 2017. On a le temps de reparler de 2020 et des nouveaux talents qui apparaissent. Et on ne manquera pas d’entamer une réflexion sur la façon de faire de la politique. Le bon score de David Lanaud du Gray nous y incite même si le décalage entre son programme et son résultat donne matière à s’interroger.
Le nom de François Sauvadet circule de plus en plus pour les sénatoriales de septembre prochain. Dans l’hypothèse où il serait candidat, et élu, la présidence du conseil général vous reviendrait-elle ?
Dans les prochaines semaines, on verra plus clair sur les sénatoriales de septembre prochain qui vont être marquées par une profonde évolution avec la mise en place du scrutin de liste qui politisera un peu plus cette élection. Il y a un sénateur sortant, c’est Alain Houpert. Je ne vais pas parler à la place de François Sauvadet ou faire des supputations sur la position qui pourrait être la sienne.
Je suis le 1er vice-président du conseil général. J’ai décidé d’abandonner le mandat municipal pour me consacrer à fond à cette institution et à l’avenir du département. S’il y a des responsabilités à prendre, je les prendrai mais en lien évidemment avec François Sauvadet et la majorité départementale.
La nomination de François Rebsamen au ministère du Travail et de l’Emploi, c’est une bonne chose pour Dijon ?
C’est d’abord et surtout un choc pour beaucoup de Dijonnais. Ce qui s’est passé est scandaleux. C’est une trahison et les électeurs se sentent trompés et bernés car ils ont désormais un maire qu’ils n’ont pas choisi. Ca me choque profondément dans la mesure où l’on peut légitimement s’interroger sur la valeur de la parole politique. On peut espérer que les nouvelles fonctions de François Rebsamen profiteront à la ville même si j’en doute. Jusqu’à présent, ses proches relations avec François Hollande n’ont guère été favorables à Dijon en terme d’aides de l’Etat. François Rebsamen voulait l’Intérieur, il a eu le Travail et l’Emploi, un secteur où il n’a pas été performant sur la ville et surl’agglo. Maintenant, je souhaite qu’il réussisse car le pays en a besoin.
Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE