Comment convaincre les abstentionnistes ?

Dijon va donc vivre un second tour avec une triangulaire. Le maire sortant, François Rebsamen, a été victime du renoncement d’une partie de son électorat, mais il lui reste largement de quoi y croire pour le second tour. Le FN est venu troubler le duel attendu et l’ancien maire de Salives n’a pas profité de la vague bleue.
A la télévision dimanche soir, sur France 3 Bourgogne, François Rebsamen avait l’air agacé : il avait voulu croire jusqu’au bout qu’il passerait au premier tour, quel qu’ait été le nombre de listes en présence et ne croyant manifestement pas que le FN de celui qu’il appelait “bébé Cavin” dépasserait les 10% dans une ville où il avait toujours été contenu.
Pourtant, et face à une forte houle bleue qui a emporté les villes de Montbard, Genlis et Is-sur-Tille, le sénateur et maire sortant de Dijon fait figure de premier résistant : 44, 28%, c’est certes 12 points de moins qu’en 2008 mais c’est aussi un score flatteur pour un maire dont beaucoup se rendent compte qu’il a beaucoup fait pour sa ville en 13 ans.

La droite à moins de 30%

On se jette donc sur les scores de ses adversaires. Quoi ? Eh ! bien oui, Alain Houpert (UDI/UMP) n’a fait que 28% dans une ville dite “de droite”, soit 8 points de moins que FX. Dugourd en 2008. Explication : la droite ne peut gagner à Dijon sans l’electorat populaire, et celui-là, c’est Rebsamen qui l’a capté dès 2001 : les plus faibles scores du sénateur venu de Salives sont enregistrés aux Grésilles, à la Fontaine d’Ouche ou dans le quartier des Valendons … Et ses meilleurs scores sont évidemment obtenus dans les quartiers du centre ou proche du centre (Ecole Dampierre, Montchapet). Les Dijonnais n’aiment pas trop ceux qui atterrissent chez eux en parachute.
Deux explications. Le FN d’abord : en dépassant largement les 10% (12, 70), Edouard Cavin a capté bien des mécontents, par exemple à la Fontaine d’Ouche, et sans doute aussi des électeurs de droite qui ne se reconnaissaient pas dans le médecin de Salives. Ensuite, le “trublion” DLDG, l’homme de la “comm” et des réseaux sociaux, celui qui veut “dijonner” avec les habitants : près de 9% pour Lanaud du Gray, ce n’est pas rien et l’aventure de celui qui voulait ramener la tour Eiffel à Dijon ne fait sans doute que commencer car on ne le voit pas en rester là, à la porte du conseil municipal…

Triangulaire originale

Triangulaire donc dans la bonne ville de Dijon qui n’a quasiment jamais connu ça. Les cartes sont en partie redistribuées, même si on voit mal comment le maire sortant pourrait ne pas être réadoubé dimanche prochain. Avec presque 5% des voix, Isabelle de Almeida (Front de gauche) a laissé entendre, sans le dire vraiment, qu’elle appelait à faire barrage au FN. Cela fait peu de réservoir pour François Rebsamen même si on peut penser que quelques abstentionnistes de tradition socialiste arrêteront de bouder.
Les colistiers du maire sortant vont devoir rester vigilants et remobiliser leur électorat car Alain Houpert n’a pas cessé d’y croire et peut mobiliser le 30 une (petite) partie des abstentionnistes et des DLDGistes qui auront fini de rire, si ce n’est quelques égarés partis voter FN et qui voudront rentrer sagement au bercail. Le second tour, c’est toujours une redistribution des cartes. François Rebsamen a les atouts maîtres et une belle avance, ses adversaires ont, eux, quelques coupes franches qui peuvent gêner.
Dans le contexte national que l’on sait, avec trop de listes pour gagner au premier tour, François Rebsamen et sa ville se sont joué, semble-t-il, un petit air de dépit amoureux.

 

Michel HUVET