Christophe Guion, délégué départemental d’Action contre la faim
Même si la démarche est noble, n’y a-t-il pas un décalage à vouloir combattre la faim dans le monde quand on doit faire face à des problèmes sociaux de plus en plus visibles autour de nous ?
Absolument pas. Je vais répondre par une autre question : peut-il y avoir aujourd’hui une cause plus forte, plus importante que celle d’empêcher, chaque année, 3 500 000 personnes, dont 3 millions d’enfants, de mourir de faim ? Quand un de nos enfants a un petit bobo, on l’emmène tout de suite chez le médecin. Dans le même temps, des dizaines d’enfants qui souffrent, eux, de la faim, vont disparaître. Ce qui m’amène à poser une autre question : est-ce que la vie d’un enfant, en France, a plus de valeur que la vie d’un enfant qui a eu le malheur d’être né à un autre endroit de la planète ?
ACF existe depuis longtemps ?
Depuis 35 ans. Créée en France en 1979, Action contre la Faim est une organisation non gouvernementale internationale qui lutte contre la faim dans le monde. Sa charte des principes humanitaires – indépendance, neutralité, non-discrimination, accès libre et direct aux victimes, professionnalisme, transparence – fonde son identité depuis 35 ans. Sa mission est de sauver des vies en éliminant la faim par la prévention, la détection et le traitement de la sous-nutrition, en particulier pendant et après les situations d’urgence liées aux conflits et aux catastrophes naturelles. Action contre la Faim coordonne ses programmes autour de 4 domaines d’activités : nutrition, santé et pratiques de soins – sécurité alimentaire et moyens d’existence – eau, assainissement et hygiène – plaidoyer et sensibilisation.
Et en Côte-d’Or ?
C’est tout récent. La délégation que je préside a vu le jour il y a un an. Notre département est devenu la 30e délégation de France. Nous disposons aujourd’hui d’une quinzaine de bénévoles. Nous sommes en phase de recrutement. Nous aimerions avoir un bénévole dans la plupart des communes de Côte-d’Or. C’est ambitieux mais pas impossible.
Mais nous avons besoin également d’adhérents. Des gens qui se reconnaissent dans cette main tendue vers les autres. Plus on sera nombreux, à Dijon comme ailleurs, on pourra interpeller plus efficacement les pouvoirs publics.
Que répondez-vous à ceux qui pourraient s’inquiéter de la bonne utilisation des dons ?
Il y a une vraie traçabilité dans les dons. La Cour des Comptes vérifie l’affectation de sommes collectées. Chez ACF, quand vous versez 10 euros, 8,50 partent directement sur le terrain dans des missions que ce soit en Inde, en Afrique, en Amérique du Sud ou plus récemment aux Philippines après le cyclone qui a dévasté une partie de la région.
Justement, vous allez organiser prochainement des courses pédestres ?
Le 13 juin précisément. Notre délégation organisera un challenge inter-entreprise de course à pieds. Nous avons souhaité mobiliser les entreprises côte-d’oriennes dans le cadre d’une approche citoyenne du monde pour aider à faire face aux besoins indispensables de pays en souffrance.
Les scolaires seront aussi mobilisés ?
Oui, ce sera le 16 mai. Des séances de sensibilisation auront lieu dans dix collèges, quatre écoles primaires et une école maternelle. Cette course constitue un projet éducatif et pédagogique. Elle permet de sensibiliser les jeunes, plus réceptifs que les adultes, à la problématique de la faim dans le monde, de les impliquer concrètement dans une action de solidarité.
Par ailleurs, ACF a fait le buzz tout récemment sur les réseaux sociaux avec la diffusion d’une vidéo pour le moins curieuse…
A l’occasion de la journée mondiale de l’Eau, Prof Lamort s’est attaqué à Dijon en contaminant l’eau du lac Kir. Nous avons tourné une vidéo dévoilant un homme masqué tout vêtu de noir qui a déversé un liquide non identifié dans les eaux du lac. Une façon de rappeler que plus de 780 millions de personnes boivent une eau qui pourtant n’est pas potable. L’eau non potable tue plus que les guerres!
Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE
Délégation départementale d’Action contre la faim (ACF), 47 rue des Godrans, à Dijon. Tel 06 33 39 26 60 / 06 72 34 57 45 / 06 42 15 99 25.