Alis a perdu un être cher…

La maladie a eu raison de lui. Une sale maladie contre laquelle on ne peut pas grand chose, sinon lutter. Dominique Pillot, directeur du foyer Urban Alis (ex Foyer des jeunes travailleurs) est mort quelques jours avant son soixante deuxième anniversaire. Dernier clin d’oeil : la cérémonie, à Sainte-Chantal s’est déroulée le jour de la saint-Valentin. Un signe pour cet amoureux de la vie…

Egrener les 35 années de la vie professionnelle de Dominique Pillot, c’est assister à l’apparition successive –quand ce n’est pas simultanée- de plusieurs hommes en une personne. Partout où il est passé, il aura laissé l’image d’un homme exigeant et rigoureux. Que ce soit au conseil général, au Crédit municipal chez Alis ou encore dans les clubs de foot où il a joué ou entraîné. Dominique Pillot était vraiment un type extraordinaire. Mais l’idée même d’être catalogué ainsi provoquait, chez lui, incrédulité et haussement de sourcils. « Extraordinaire ? Pourquoi extraordinaire ? ». Eclats de rire devant cette étiquette trop facile qui lui était ainsi collée. Il n’aimait pas que son savoir-faire et son savoir-être soient encensés. Il exprimait avec ses mots à lui les vertus cardinales dont devait se parer un défenseur de la cause sociale, avec toujours cette étincelle mutine dans le regard.
« Le concept Foyers des jeunes travailleurs n’est plus adapté. Il est obsolète”. Jugement sévère, sans concession, porté par… son propre directeur, Dominique Pillot, dont la lecture des situations sociales a toujours été d’une étonnante précision. C’était en septembre dernier. Pour justifier son propos, Dominique Pillot avait avancé des chiffres qui parlent d’eux-mêmes : “En 2008, nous avions 97 % d’occupation. En 2012, nous sommes descendus à 75 %. Il y a cinq ans, 50 chambres étaient occupées, en moyenne, par des intérimaires. Aujourd’hui, on n’en loue plus que trois aux mêmes profils…”.

Pas question pour autant de subir une situation qu’il ne considérait pas inéluctable, même à un an de la retraite professionnelle. Ce n’était pas dans les gênes de Dominique Pillot. La bataille, il connaissait. Et quelque soit l’adversaire, il affrontait. Courageusement. Comme il avait pu le faire récemment en faisant condamner le conseil général qui avait renoncé à ses obligations en supprimant brutalement un engagement financier. Un mousquetaire toujours prêt à brandir l’épée pour la bonne cause.
Pour Dominique Pillot, il ne fallait pas chercher très loin pour expliquer la baisse de fréquentation. Des jeunes de plus en plus touchés par le chômage et par la précarité. Et, en temps de crise, il y a toujours des gens pour avoir des idées formidables. Dominique Pillot avait décidé durant l’automne de mettre en place une campagne de communication qui visait à mettre en avant les services de l’établissement. Il lui trouva un autre nom : URBAN ALIS pour démontrer sa nouvelle jeunesse tout en réfléchissant à la mise en place de colocations.
Son esprit souvent survolté, son épiderme exacerbé, sa bonhomie gourmande font désormais défaut dans l’horizon social. Il n’aimait pas les louanges. Alors contentons nous de dire simplement que c’est un mec bien qui nous a quittés. Et qui nous manque terriblement.
Jean-Louis PIERRE