Rythmes scolaires : familles, je vous aime !

 

C’est là toute la différence entre M. Peillon, l’incroyable actuel ministre de l’Education nationale, et moi ; et, entre nous, et la plupart des parents qui élèvent leurs enfants.
Arracher l’enfant à la famille pour qu’il échappe à tout déterminisme : grande idée de tous les autoritaires qui méprisent le populo pour faire l’homme –qu’écris-je, sacrilège ! – pour faire L’HOMME de demain, le citoyen fruit de la pensée libératrice. Tous les régimes à poigne, dont les républiques socialistes soviétiques, s’y sont essayés avec le même insuccès. M. Peillon et ceux qui l’entourent y croient encore…
En effet, la refondation de l’école n’est clairement pas seulement, peut-être pas essentiellement, la recherche d’une meilleure performance pour les enfants. La lutte contre l’analphabétisme si répandu, n’est pas le vrai objectif. J’ai entendu dans un collège à propos des programmes, un « principal en second » déclarer que l’école n’était pas là pour apporter des connaissances marchandes aux élèves. Comprenez, « des enseignements utiles pour trouver ultérieurement du travail ». Le chômage a de beaux jours devant lui : M. Peillon est de cette école. Il en est un des maîtres.
Dans ce contexte idéologiquement lourd et passablement ringard, arrive ce qui est devenu l’affaire des rythmes scolaires.
D’abord, la réforme des rythmes scolaires, passée l’anecdote « 4 jours c’est Sarko qui l’a fait, donc c’est mauvais », n’était une priorité pour personne et la loi sur de refondation porte sur d’autres choses. Elle aurait pu être abordée autrement si elle n’était le paravent d’autre intentions : obliger les mairies, grosses vaches à lait, à payer une partie des heures d’école, les contraindre à une soumission accrue aux exigences ministérielles quand leur rôle légal se limite (et c’est beaucoup) « au clos et au couvert ». La liberté des villes et villages d’organiser ou pas cantines et accueils selon leurs souhaits, les besoins identifiés et les demandes des parents, sont évidemment intolérables pour le monopole éducatif que prétend être l’Education Nationale !
Rappelons au passage que l’école n’est pas obligatoire ! Les parents ont seulement (si l’on peut dire) l’obligation de veiller à l’instruction de leurs enfants. On est bien loin de la volonté totalitaire de Peillon !
L’administration elle-même a été dépassée par la précipitation enthousiaste du ministre. Les inspecteurs de l’Education nationale au moment de rencontrer les maires auxquels ils entendaient expliquer la réforme en mars dernier, ne disposaient que… du dossier de presse du ministère !
Ainsi, avec de telles méthodes déployées sur des objectifs non-nécessaires, ce sont tous les participants qui se sont bloqués : les maires qui veulent comprendre avant de payer ; les parents qui veulent pouvoir s’adapter ; les enseignants qui font comme ils peuvent car plus on est près du système, moins on en est à l’abri…
Les tergiversations, les différences d’interprétations, les difficultés d’organisation et de recrutement des animateurs (dans l’école, tout à coup, grands-mères, étudiants, responsables associatifs, naguère suspects et tenus à distance, ont désormais toute leur place, même sans formation), l’indisponibilité des locaux, le saucissonnage des horaires, l’absence de rythmes hebdomadaires en se levant tôt tous les matins, sont venus à bout des meilleures intentions.
Alors, face à ces résistances légitimes sont arrivées les invectives. M. Peillon, tout sourire rentré, a montré son vrai visage crispé et hargneux, s’en prenant, mensonge à l’appui, aux élus soupçonnés d’être des factieux, aux parents incapables et incultes et à tous ceux qui ont remis en question la ministérielle vision !
Alors exigeons l’abrogation ; non pas de la loi qui est votée, mais du décret qui en est une déclinaison pour le moins approximative.
Le problème, ce n’est pas la loi, c’est le ministre. Et arrêtons de perturber les enfants, déranger les familles, déboussoler les associations et accessoirement de gaspiller l’argent que l’on n’a pas (pour un département comme la Côte-d’Or, 3 millions d’euros ; pour une ville comme Talant, 150 000 euros en année pleine. Pour les communes, c’est 150 à 200 euros par élève et la mendicité d’Etat avec 50 euros est bien loin du compte).
Arrêtons ça : c’est raté, ce n’est pas récupérable ; en gros, ça suffit ; et réfléchissons à la refondation de l’école : combien d’ingénieurs formés par an ? Combien de chômage avant le premier emploi ? Combien…
Gilbert Menut
Maire de Talant
Conseiller général de Fontaine-les-Dijon