Ming, chinoiseries, amende, moine, facteur…

Je me suis payé un Ming !

Vous n’allez pas me croire, j’ai trouvé un Ming à 12 euros. Ming, c’est mon peintre préféré. Le problème, c’est que je n’ai pas les moyens de me faire plaisir. Une toile du peintre dijonnais, c’est plusieurs dizaines de milliers d’euros. Aussi, la reproduction proposée à 12 euros par l’association Shop in Dijon, place Grangier, est une excellente idée. Je suis allée chez « L’encadreur », rue Charrue (entre nous, une belle adresse pour les amateurs d’art) qui m’a proposé un cadre couleur gris taupe à un prix raisonnable. Et voilà, j’ai enfin un Ming chez moi. Pour les amateurs, Yan Pei-Ming expose à Paris, jusqu’au 23 novembre, à la galerie Thaddaeus Ropac, 7, rue Debelleyme, dans le 3e.

Chinoiseries
Mon mari m’a emmenée dans un beau restaurant étoilé de Dijon. C’était pour mon anniversaire. C’est un rituel, mais j’aime bien. Nous avons très bien mangé. Un bémol cependant : la table à côté de la nôtre était occupée par six touristes chinois. Vous n’allez pas me croire. Il y en a un qui n’a pas arrêté de mettre les doigts dans son nez. Mon mari, ça l’a fait rire. Moi, je n’ai pas supporté. Encore un qui n’avait certainement pas lu le guide officiel détaillé des bonnes manières du touriste chinois à l’étranger. Un guide de 64 pages paraît-il. Je n’ose pas imaginer son contenu…

Chinoiseries encore
Mon mari est un lecteur du Figaro. Ce n’est pas ma tasse de thé. Moi, je préfère Libé. L’autre soir, alors que j’allais préparer un feu de cheminée, froissant allègrement les pages « saumon », je suis tombée sur un article qui disait que les Chinois adorent aller chez Ikéa pour y faire une petite sieste dans les moelleux canapés. Eh bien, vous n’allez pas me croire, la dernière fois que suis allée au magasin de Dijon, j’ai vu deux gamins en bas âge dormir sur un lit d’exposition pendant que les parents vaquaient dans les allées. Comme quoi, il ne faut pas toujours railler les Chinois.

A l’amende
Distraite, je le suis. L’autre jour, je suis allée voir ma mère qui habite rue de Lorraine, à Dijon. D’habitude, c’est elle qui vient nous voir. Mais là, elle tenait à me montrer les nouveaux voilages qu’elle a fait poser. Après une tasse de Darjeeling rapidement avalée, je suis repartie. Et là, que vois-je sur mon pare-brise ? Une amende ! Je ne m’étais pas aperçue que cette rue où je me gare depuis vingt ans était soumise au stationnement payant. Du coup, j’ai noté que d’autres rues du quartier avaient été traitées de la même façon.

Un moine à Gevrey
Quelle belle surprise ! Invitée chez une amie à Gevrey-Chambertin, j’ai découvert, place du Château, une magnifique sculpture d’un moine assis sur un banc, la tête penchée, dissimulée dans sa bure. Une oeuvre toute récente et très réaliste signée par une artiste dijonnaise, Laëticia de Bazelaire. On a envie de s’asseoir à côté de ce moine pour prendre un peu le temps de méditer. Et si la ville de Dijon faisait de même, avec des reproductions de Pleurants, par exemple, place de la Libération et rue de la Liberté ?

Le blues du facteur
Il avait pas le moral mon facteur ces jours derniers. La cause ? La concurrence des mails, ou plutôt des courriels comme on dit en français, réduit progressivement le traditionnel courrier qu’il dépose chaque jour dans les boîtes aux lettres. Il m’a expliqué qu’il craignait pour son travail. Il a appris, au cours d’une réunion syndicale, qu’au Canada la livraison du courrier postal à domicile pourrait être supprimée prochainement, et qu’en Nouvelle Zélande, le courrier ne serait distribué qu’un jour sur deux. Il est inquiet mon facteur. C’est vrai qu’il n’a que 35 ans.

Sans conscience
Voilà un certain temps que je n’entendais plus parler de ce jeune homme ambitieux qui présidait encore récemment « Reporters sans frontières » en Bourgogne. C’est une de mes voisines de pallier, journaliste dans un média dijonnais, qui m’a donné des nouvelles. Je n’ai pas pu m’empêcher de rire : le garçon en question est allé planté sa tente professionnelle dans le désert. Et pas n’importe où : à Doha, au Qatar, un pays qui achète tout, même les consciences. Un pays où la liberté de la presse est une belle fumisterie. Quant à la liberté des femmes, on est encore au Moyen-Age. Ca me rappelle Robert Ménard, le président national de la dite association qui, aujourd’hui, fait campagne pour les élections municipales à Béziers avec le soutien du Front national. Comme quoi la conscience peut être à géométrie et à géographie variables… Une proposition : « Reporters sans conscience », ça sonnerait mieux, non ?

Jeanne VERNAY