Yves Bruneau : La Foire a su conserver son ADN

Plus qu’une association, Dijon Congrexpo est avant tout une entreprise ?
Juridiquement, Dijon Congrexpo est une association. Mais elle est soumise aux mêmes règles fiscales et financières qu’une entreprise : TVA, impôt sur les sociétés… L’avantage, c’est que nous n’avons pas de dividendes à distribuer et les bénéfices que nous réalisons, nous les réinvestissons dans l’outil de travail.

Comment la structure s’organise-t-elle ?
On trouve d’abord un président : Jean Battault, président du directoire des Cassis Boudier. Un homme très impliqué dans la vie économique locale et notamment dans l’agroalimentaire. On trouve également des chefs d’entreprise actifs et retraités, des cadres d’entreprise qui nous font profiter bénévolement de leur expertise.

Association rime avec subvention. Combien touchez-vous chaque année ?
Nous ne percevons aucune subvention de fonctionnement. La seule subvention que nous recevons correspond à notre participation, en partie, aux travaux d’investissement que nous réalisons dans le cadre de notre délégation de service public. C’est une subvention versée par le conseil général qui transite par la ville de Dijon dans le cadre du contrat « Promotion Côte-d’Or ».

Le chiffre d’affaires ?
6,5 millions d’euros. Un chiffre qui va atteindre 9 à 9,5 millions d’euros les années où nous organisons Florissimo, c’est à dire tous les 5 ans.

Combien de salariés ?
Une trentaine à temps plein. Pendant les périodes de montage et de démontage de foires, nous faisons appel à des intérimaires qui sont placés sous la responsabilité de notre directeur technique.

Comment expliquez-vous le succès populaire de la Foire de Dijon ?
Cette Foire, elle est dans la tête et le cœur des Dijonnais. Tout Dijonnais qui se respecte est venu, vient ou viendra. C’est une évidence qui ne se dément pas. Elle est culturellement présente dans les esprits. Ne dit-on pas, à cette période de l’année, quand le ciel est un peu bas, gris, que le brouillard est là et qu’il nous empêche de voir la flèche de Notre Dame : « C’est un temps de foire ! ». Cette foire, je l’ai visitée gamin, avec mes parents et j’ai encore dans l’oreille la voix pas très suave de l’hôtesse de l’époque : « Les parents du petit Bruneau sont priés de venir chercher leur enfant à l’accueil… »

Y a-t-il une recette particulière pour perpétuer ce succès ?
C’est très simple. Depuis 1921, tout en évoluant, la Foire a su conserver son ADN, son caractère festif et convivial. C’est un rapport affectif qu’elle entretient avec les Dijonnais. Et c’est le brassage social qu’on y trouve qui contribue à son succès.

Que répondez-vous aux esprits grincheux qui prétendent que cette Foire n’est pas gastronomique ?
Tout dépend ce que l’on sous entend avec le mot gastronomique. La Foire de Dijon, ce n’est pas le Salone del Gusto, la grande manifestation organisée par Slow Food, la région du Piémont et la ville de Turin. Ici, on va trouver des produits alimentaires et des restaurants de bonne qualité. L’apport du Restaurant des Saveurs qui, depuis quelques années, fait venir des chefs étoilés, balaie ce genre de critiques injustifiées.

En 2013, l’hôte d’honneur est l’Afrique du Sud et ses vins. Comment fait-on pour convaincre un pays d’une telle dimension de choisir Dijon, ville moyenne, pour s’exposer ?
La réputation de la Foire a dépassé largement les frontières. Quand on explique à nos invités potentiels tout l’intérêt qu’ils ont à venir à Dijon, ils ne mettent jamais très longtemps à se décider. Dijon est la sixième foire de France en terme de fréquentation.

On sent cette foire évoluer, monter en gamme…
C’est une évolution. Pas une révolution. On tient à conserver le caractère populaire de la manifestation. On ne veut pas en faire un événement mondain. Nous restons très vigilant sur la qualité des exposants que nous recevons, sur la qualité de leurs produits et la façon dont ils sont présentés. Nous choisissons les exposants au terme d’une sélection très rigoureuse. Cette foire évolue, cette année, avec le 1er salon Vinidivio du jeudi 31 octobre au lundi 4 novembre 2013. Son objectif : inciter les amateurs de vin, avertis ou néophytes, à découvrir des vignobles de rêve, pour certains encore inaccessibles, confidentiels ou mystérieux. Vinidivio mettra en avant les vins de la province du Cap Occidental (Western Cape) en Afrique du Sud, notre hôte d’honneur.

Qu’est qui vous donne le plus matière à satisfaction durant cette douzaine de jours ?
C’est tout simplement de voir que les gens sont heureux de venir chez nous, dans un esprit festif, convivial, familial… Cette ambiance et la satisfaction qu’elles procurent me font chaud au coeur.

Si vous deviez changer quelque chose, ce serait quoi ?
C’est très difficile à dire. On se pose régulièrement la question. On cherche surtout à imprimer de la nouveauté c’est pourquoi, cette année, nous proposons Vinidivio.

Et si la Foire, et bien évidemment Congrexpo, changeaient de lieu ? Sur un grand terrain de l’agglomération, par exemple ?
C’est une question de fond. Nos conditions de travail ne sont pas bonnes. Je le dis franchement. Nous sommes insérés dans un tissu urbain, et c’est bien, mais je ne vois pas comment améliorer, par exemple, les conditions d’accueil des exposants qui ont besoin de place, de stationnements. Difficile de les satisfaire car la ville prend son essor dans ce quartier. Et je rappelle, au passage, que c’est un projet qui date de l’ancienne municipalité de faire de ce quartier un quartier des affaires.
Les visiteurs viennent de plus en plus nombreux grâce au tram. Pour ceux qui ne sont pas de Dijon, c’est plus compliqué car ils n’ont pas le réflexe transports en commun.
Maintenir le Palais des Congrès là où il est, transférer le Parc… C’est une question ouverte dont la réponse ne nous appartient pas car nous ne sommes pas les investisseurs. Avec un bémol toutefois, transférer la Foire sur un autre lieu, c’est peut-être lui faire perdre une partie de son âme.

En accueillant tout récemment le congrès national des experts comptables avec ses 5 000 participants, Congrexpo a montré qu’il est un formidable outil pour la promotion de Dijon…
Tout le monde en est convaincu. On apporte beaucoup en terme de retombées économiques directes et indirectes mais aussi en notoriété. Une grande majorité d’experts comptables ont découvert une ville attrayante et on peut penser raisonnablement que nous reverrons ces personnes dans un autre cadre et qu’elles feront la publicité de cette ville.

Congrexpo est un concept que vous exportez ?
Oui. On a commencé de l’autre côté de l’Atlantique, au Mexique, où nous avons reproduit à l’identique la foire de Dijon. Nos succès ont été mitigés. A Auxerre, par exemple, notre délégation de service public n’a pas été reconduite pour des raisons sur lesquelles je ne souhaite pas m’appesantir. Nous avons travaillé avec Lons-le-Saunier et nous sommes très satisfaits de notre collaboration avec la ville de Chaumont et son Pays.