Dijon perd ses avions. Il est vrai que deux aéroports avec de moins en moins d’avions c’est un peu comme une valise sans poignée… on ne sait plus par quel bout la prendre. Ceci dit combien de Dijonnais ont-ils mis les pieds et même vu de l’extérieur ces terrains perdus au bout de nulle part… jusqu’à confondre Ouges et Longvic ?
Il est vrai que le paysage est plutôt « tristos » parfois même proche du terrain vague. Si, si, allez voir du côté de la porte principale de l’aéroport qui ressemble à une entrée de camp avec ses grillages latéraux pas d’une première jeunesse, ses boîtes préfabriquées et ses anciennes passerelles abandonnées dans un coin. Quant au terrain militaire c’est un terrain militaire. La cohabitation entre « Alpha jet, Airbus A310 et Cessna 172 » fait un peu BD. Il ne manque plus que Corto Maltes, à contre jour au soleil couchant.
Alors évidemment tout le monde pleure l’économie qui s’évapore dans les airs, les classes qui vont fermer et puis l’image de la base 102 qui devient sépia… Mais personne ne parle des militaires (excepté l’excellent article de Gilles Dupont dans le BP), personne ne parle des conséquences de la réforme dite des RGPP et qui touche toute la fonction publique et personne ne parle non plus du choix politique… car comme l’explique très bien Henri Bentégeat dans le Figaro, à très court terme, les actes décisionnels en matière de Défense seront préparés et actés par des civils. (Traduisez : énarques)
D’un côté, la Chambre de commerce et d’industrie avec ses partenaires financiers et tout le monde se refile la patate chaude, de l’autre l’armée qui attend avec un certain fatalisme (si mes sources sont bonnes) à quelle sauce elle va être diluée. Entre les deux, les écologistes et riverains qui voient avec délectations les nuisances sonores partir vers d’autres horizons. Il faut dire qu’un aéroport est souvent construit en rase campagne, et pour cause. L’urbanisation grignote avec le temps l’espace libre et donc peu cher (à cause des nuisances). On fait des associations de défense de l’environnement et on a la procédure type LINO.
Le vide est annoncé. La nature a horreur du vide. Regardez les pistes d’aviation laissées à l’abandon après le départ des troupes américaines vers 1960… L’herbe repousse très rapidement et vient à bout du béton !
Enfin une idée lumineuse : construire des logements à la place des aéroports afin de moduler la densification du centre ville, type avenue du Drapeau. On raccorde de facto Longvic et Ouges à Dijon. Les architectes-urbanistes-avionnistes pourront à loisirs faire des cubes (très tendance, moderne quoi).
Dijon possède presque tout : tram, musées, piscines, auditorium, centres commerciaux, une gare TGV au centre ville, bientôt une cité de la gastronomie, un Zénith, un quartier sauvegardé, des rues piétonnes, des commerces qui ferment à midi pile, un CHU top niveau et même une université. Il ne lui manque qu’un parc d’attraction. Un parc qui se raccrocherait à l’histoire du lieu, à la mémoire des pistes. La tour de contrôle pourrait être classée et recueillir le musée de la base 102 avec des caméras de surveillance comme à Dijon. Bref, un parc dédié à Dusty, le petit avion qui rêve de participer aux rallyes avec les stars et dont l’histoire nous est narrée dans le film d’animation « PLANES » signé par les studios Walt Disney. Sympa, non ?
François NEDELLEC