Auto-Moto Rétro passe la seconde

Il n’a qu’une année d’existence et pourtant le Salon Auto-Moto Rétro jouit déjà d’une belle réputation dans le cœur des amateurs de voitures de collection. C’est incontestablement un temps fort dans l’agenda des manifestations qu’organise Dijon Congrexpo. Son président, Jean Battault, décrypte ce qui est déjà un vrai succès populaire.

Dijon l’Hebdo : Deuxième édition du Salon Auto-Moto Rétro et déjà un sacré challenge : faire aussi bien que la première édition qui a attiré 18 000 visiteurs… Etes-vous confiant ?

Jean Battault : « La réponse est contenue dans la question. C’est parce que la première édition a été un véritable succès que l’on en fait une deuxième. Une réussite qui a balayé nos interrogations légitimes sur le rythme qu’il fallait donner à ce salon. Il nous faut maintenant tendre vers un équilibre financier. Dans tous les cas, c’est un signe fort en direction de notre visitorat qui témoigne de notre capacité à entendre ses sujets d’intérêt et comprendre tout ce qui fait le sel de la vie.

Cette année, on modifiera l’offre. De nouveaux exposants, de nouveaux modèles, des surprises comme la voiture du chanoine Kir, une Citroën ID exposée avec la statue de l’ancien maire, une offre de restauration plus importante trop vite saturée en 2016. C’est indispensable car les visiteurs restent beaucoup plus longtemps que dans un salon classique. Si les gens passaient une heure au salon des antiquaires, là, ils y passeront une matinée ou tout l’après-midi. C’est bien la preuve de l’intérêt suscité par l’événement. Il y aura aussi des aménagements qui ont manqué l’an passé.

Je me réjouis de la présence renouvelée de la gendarmerie qui a conservé des véhicules qui nous ont, certes, hanté sur les autoroutes, mais qui font partie du patrimoine automobile français ».

DLH : Quelles similitudes trouvez-vous entre l’auto-moto rétro et la foire gastronomique ?

J. B : « Ce qui me touche énormément dans cette manifestation, c’est l’adhésion. Adhésion des clubs, du public, des particuliers propriétaires de véhicules, des organismes constitués. On mesure le pouvoir d’attraction de ce salon et c’est une réelle satisfaction dans la mesure où nous touchons, d’une certaine façon, le modèle économique de la Foire qui s’appuie, elle aussi sur l’engagement de nombreux bénévoles. La Foire tourne évidemment grâce à sa structure permanente mais aussi grâce à une importante contribution bénévole. Le Salon Auto-Moto Rétro est sur le même schéma. Et c’est le schéma que j’aime. Il faut bien entendu aussi citer l’Automobile Club de Bourgogne déjà présent à nos côtés dès la première édition : son président Pierre-Yves du Fou et son vice-président Alain Hugard. L’Automobile Club est ainsi devenue notre partenaire naturel en nous apportant notamment son expertise sur l’auto ancienne ».

DLH : Et les exposants vous fascinent-ils toujours autant

J. B : « C’est un milieu extraordinaire. Je suis admiratif devant la passion qui anime nos exposants. Ils ne recherchent aucunement une reconnaissance sociale. Ils ont tout simplement besoin de communiquer et d’échanger sur leur passion. Ce sont à la fois des gens qui ont consacré beaucoup d’argent à leurs voitures et d’autres qui, avec des moyens modestes, ont patiemment restauré leur véhicule.

J’aime rapporter cette anecdote : je complimente un charmant monsieur pour sa superbe traction. « C’est une 11 ? » ai-je demandé un peu vite. C’était une 15 et le propriétaire a pris tout le temps pour m’expliquer ses caractéristiques. Ça a duré 45 minutes ! C’est formidable, non ? Ces exposants aux vertus pédagogiques indéniables, ont leur panier en osier recouvert d’un élégant torchon avec un bon casse-croûte à l’intérieur qu’ils vont partager avec d’autres collectionneurs. C’est ça aussi le salon qui génère de lui-même cette belle convivialité que j’ai pu constater à Londres ou à Paris ».

DLH : D’où vient cet intérêt du public qui préfère de loin les vieilles voitures aux vieux meubles ?

J. B : « Il y a plusieurs raisons. D’abord, le meuble ancien n’est plus une valeur de placement au contraire de la voiture ancienne. Une Mercedes Pagode qui, il y a 5 ou 6 ans, valaient 5 000 € en l’état voit son prix grimper jusqu’à 150 000 € une fois retapée. Les voitures de collection sont soumises au même régime que les œuvres d’art : une taxe sur les plus-values à la revente existe mais les véhicules ne sont pas pris en compte dans le calcul de l’ISF. C’est donc un excellent placement dont on peut jouir physiquement… »

DLH : Et parmi les visiteurs, beaucoup de jeunes…

J. B : « Je m’amuse toujours de voir des jeunes qui parlent avec une certaine nostalgie de MG, de Triumph… qu’ils n’ont pas connues. Il y a incontestablement le besoin de revivre certaines époques, celles qui font référence à la jeunesse, à l’adolescence. On touche là une époque d’or qui crée de l’adhésion. C’est aussi une belle façon de célébrer au travers de ces voitures anciennes des années heureuses, synonymes à la fois de liberté, de bonheur, de paix et d’équilibre. Cela concerne aussi bien des véhicules rares que des véhicules, à l’époque, de grande série. D’où cette passion pour les Simca 1000, les Panhard Levassor… Et puis, surtout, on fait référence à des époques où les voitures avaient une véritable personnalité. C’est important de le préciser. Les voitures ne se ressemblaient pas comme aujourd’hui ».

Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE