Rémi Delatte : « Je n’ai jamais fait mystère du fait que ma femme travaille à mes côtés »

Les accusations d’emploi fictif portées à l’encontre de Pénélope Fillon n’ont évidemment pas laissé insensible Rémi Delatte, député de la 2e circonscription. Le président départemental des Républicains est en effet le premier parlementaire à avoir apporté son soutien à François Fillon. Il fait aussi partie de cette liste de députés qui emploient leur épouse.

Dijon l’Hebdo : Vous avez été en Côte-d’Or le premier à apporter votre soutien à François Fillon au moment où les sondages le donnaient encore loin derrière Nicolas Sarkozy et Alain Juppé. Quel est le sentiment qui a prédominé après les accusations portées contre l’ancien Premier ministre, candidat toujours déclaré de la droite et du centre à l’élection présidentielle ?

Rémi Delatte : « Je connais François Fillon depuis maintenant plus de 10 ans. J’ai eu à plusieurs reprises l’occasion de découvrir et d’apprécier chez cet homme une belle personnalité et une autorité que peu conteste. Aussi la polémique déclenchée autour d’un potentiel emploi fictif de son épouse m’a surpris, je ne vous le cache pas. Elle m’a même semblé démesurée ».

Dijon l’Hebdo Enlisé dans cette affaire de l’emploi fictif présumé de son épouse Pénélope, François Fillon a-t-il, à votre avis, su trouver les mots pour convaincre, en présentant notamment ses excuses pour s’être appuyé sur des pratiques légales mais qui sont, d’après lui, rejetées aujourd’hui par les Français ?

R. D. : « Il n’a pas forcément trouvé les bons mots. François Fillon a fait quelque chose qui n’est pas du tout illégal mais qui, c’est vrai, n’est plus compris par nos concitoyens. Ce sont des pratiques anciennes qui ne sont acceptables que dans la mesure où la personne employée est de façon tout à fait transparente réellement au service du parlementaire ».

Dijon l’Hebdo En s’accrochant ainsi, ne risque-t-il pas de faire perdre son camp ?

R. D. : « Aujourd’hui, François Fillon est le seul à pouvoir porter le projet retenu avec une très large majorité dans le cadre de la Primaire. Il a le crédit d’un homme d’État et un vrai projet pour la France. Je ne pense pas que cette polémique autour du travail de son épouse puisse remettre en cause cette vérité. La façon dont il a conduit sa campagne pendant la Primaire a montré toute sa capacité à recueillir l’adhésion des Français. Et ce n’est pas parce qu’il y a eu un acharnement médiatique et judiciaire contre lui que cela peut altérer sa capacité à porter ce projet au service de l’alternance et de la France. Je reste persuadé que ses capacités et son énergie le mèneront jusqu’à l’échéance présidentielle. D’ailleurs, je ne vois pas, aujourd’hui, à trois mois de l’élection, qui pourrait se substituer à lui ».

Dijon l’Hebdo Après les accusations portées par Le Canard Enchaîné, Alain Houpert, sénateur de la Côte-d’Or, a rapidement proposé une solution de substitution. Cette position ne vous paraît-elle pas de nature à fracturer un peu plus une famille politique déjà bien éprouvée ?

R. D. : « Quelques collègues se sont engagés un peu vite. C’est indécent. On ne doit pas se laisser aller au gré des aléas. Ce n’est pas un raisonnement personnel qui doit prévaloir mais chacun d’entre nous doit s’appuyer sur des décisions collectives prises au sein de nos instances. C’est la règle et il convient de la respecter. Je ne vous cache pas que j’ai été très déçu par l’attitude d’Alain Houpert ».

Dijon l’Hebdo Cette situation a généré les commentaires les plus divers sur les parlementaires qui ont confié des missions rémunérées à des membres de leur famille… Vous avez quatre attachés parlementaires à votre disposition. Parmi eux figure votre épouse. Que fait-elle ?

R. D. : « Je n’ai jamais fait mystère du fait que ma femme travaille à mes côtés. Avant d’être élu parlementaire, elle était déjà ma collaboratrice au quotidien dans mes activités professionnelles. J’étais un travailleur indépendant et chacun sait, au niveau des petites entreprises, combien l’épouse tient une place importante, y compris dans les prises de décision.

Chantal collabore à mi-temps depuis 10 ans au sein de mon équipe parlementaire qui a évolué au fil du temps, répondant ainsi à l’ensemble des fonctions auxquelles le député est soumis mais aussi au millier de sollicitations que nous recevons dans une année et que nous nous efforçons de traiter dans les meilleures conditions. Si vous aviez un doute, il suffirait de demander à l’ensemble des Dijonnais et des élus de la circonscription qui sont venus dans cette permanence s’ils connaissent celle qui est à la fois ma femme et ma collaboratrice.

Mon épouse est présente à la permanence, assure l’interface avec la mairie de Saint-Apollinaire, une bonne partie du courrier, gère le site internet, me soumet les parapheurs, me fait le compte rendu des principaux faits de la journée, assure le lien avec les correspondants de presse de la circonscription… C’est un vrai soutien comme le sont d’ailleurs les autres collaborateurs ».

Dijon l’Hebdo Justement, comment se répartit le travail avec les trois autres collaborateurs parlementaires ?

R.D : « En fait, je dispose de cinq attachés parlementaires. L’un d’eux a une activité beaucoup plus axée sur l’environnement législatif. C’est le travail d’Adrien Huguet qui consiste à prendre en amont les projets de loi pour les étudier et voir s’il est possible d’intervenir dessus, de rédiger des amendements mais aussi donner un avis. Car c’est ça qui est important pour les collaborateurs : intégrer cette notion de conseil très utile au parlementaire. Tous les vendredis après-midi est organisé un point d’équipe au cours duquel chacun vient avec ses dossiers qu’il soumet au débat.

Claire Chevalier assure le secrétariat, la gestion du planning et le suivi de la réserve parlementaire. Stéphane Chevalier, lui, touche plus à la logistique, notamment l’organisation des réunions sur le terrain. Et je n’oublierai pas Jean-François Dodet qui est collaborateur bénévole. Il assure le suivi de la commission des Affaires sociales et de la politique de santé ».

Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE