Vers un tourisme made in Grand Dijon ?

Le 1er janvier prochain verra la création d’un Office du Tourisme Intercommunal sous forme d’Epic – Etablissement public industriel et commercial. De quoi donner des ailes aux 24 communes de la communauté urbaine de Dijon, et à plus long terme, doter d’un plan de vol la Côte-d’Or et la Région. C’est ce qui ressort de l’entretien avec Didier Martin, vice-président du Grand Dijon, à qui Dijon l’Hebdo pose LA QUESTION. Dans le cadre des assises nationales du tourisme, il travaille dans le groupe concerné par l’axe 7, structure qui a pour objectif de dynamiser et fédérer l’action des pouvoirs publics en faveur du tourisme. Il est aussi administrateur du GIE Atout France, agence de développement touristique de la France. C’est dire si cette expérience l’a guidé dans l’élaboration de ce projet du grand-Dijon, conçu à partir du modèle dit PSG (Projet Stratégie Gouvernance). Le nouvel Office du tourisme sera doté de compétences élargies et aura donc l’opportunité de… marquer des buts !

Dijon l’Hebdo : Comment ce « capitaine du tourisme » que vous êtes va-t-il aborder de nouveaux horizons ? Comment entendez-vous optimiser les compétences élargies du très prochain Office Intercommunal ? Mais un mot sur un sujet qui fait polémique : la nouvelle taxe de séjour étendue, dès le 1er janvier 2017, aux 24 communes du Grand-Dijon contre cinq jusqu’ici…

Didier Martin : « Elle vient d’être validée, cette taxe, par les élus siégeant à la communauté urbaine. Son montant ne dépassera pas 2€ par nuit et par personne pour un hôtel quatre ou cinq étoiles, 1,5€ pour un trois étoiles ; et elle s’appliquera de façon dégressive pour les terrains de camping, le port de plaisance, les résidences hôtelières, le CRI (Centre de rencontres internationales), ou Airbnb, etc. Elle ne sera pas perçue sur le chiffre d’affaires réalisé par l’hôtellerie ; les touristes, et eux seuls, auront à s’en acquitter. J’ajoute que ce n’est pas une nouveauté : elle existe partout en France. Le fait inédit, en revanche ? C’est que les fonds ainsi collectés sur l’ensemble du Grand-Dijon permettront d’alimenter les ressources du futur Office du Tourisme Intercommunal, d’instaurer une synergie entre toutes les communes partenaires et de s’inscrire dans un projet touristique s’ouvrant vraiment sur l’international (1). Le conseil régional Bourgogne Franche-Comté cherche encore ses marques en matière de schéma touristique et ne s’est pas encore prononcé entre l’aéroport de Dijon-Longvic ou celui de Dôle : booster l’une de ces deux structures gonflerait de façon bénéfique le flux de touristes en provenance du Nord de l’Europe. Dans ce contexte d’attentisme, certains chiffres parlent pourtant d’eux-mêmes : Dijon et la Côte d’Or réalisent en un an autant de nuitées que toute la Franche-Comté. Il convient de rappeler les atouts exceptionnels d’un Dijon classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, de mettre en avant l’attractivité des 1200 climats du vignoble bourguignon ou de la future Cité Internationale et Gastronomique. En élargissant mon propos et en le plaçant à plus long terme dans un souci de mutualisation, je réfléchis aux nombreux défis à relever pour muscler notre offre touristique, séduire les opérateurs étrangers, tant aux USA qu’en Asie ou en Australie. Comment ? En élaborant, par exemple, des « packagings » pour des séjours/circuits autour des trois destinations : Bourgogne, montagnes du Jura et massif des Vosges. Autre chose, Dijon reçoit trois millions et demi de visiteurs par an et Beaune en accueille deux. Hélas, ces deux destinations-phares n’ont pas de projet commun, excepté dans le cadre de l’œnotourisme ou de « Vignobles et Découvertes » ! Aujourd’hui, on ne peut plus se satisfaire d’une activité touristique centrée principalement sur la gastronomie. Il convient d’imaginer la marque Dijon-Bourgogne sous l’angle d’une convergence des points d’excellence de notre territoire : le parc hôtelier top niveau à Dijon et en Côte-d’Or, le tourisme fluvial qui peut se développer davantage, le cyclotourisme fort prometteur, la création d’itinérances dans nos plaines ou autour de nos abbayes, telles Cîteaux… Fédérer, voilà le nerf moteur de mon combat ! Mon but, c’est de recourir aux méthodes de marketing les plus modernes, au multimédia pour internationaliser notre offre touristique et notamment le tourisme d’affaires, en argumentant sur la beauté de nos paysages, la diversité exceptionnelle de notre patrimoine, la qualité de notre démarche environnementale. En un mot, il faut vendre à l’exportation l’image de marque d’un Grand Dijon, où il fait bon vivre et travailler… Je tiens à conclure mon propos sur ces arguments, susceptibles de créer une réaction en chaîne et d’attirer dans le sillage touristique une industrie moderne à haute valeur ajoutée, aussi bien dans les secteurs de la plasturgie, de l’emballage, de la pharmacie, l’agroalimentaire… »
(1) De 1,2 2 M€ actuellement, le budget passera à terme à 2 millions d’€.
Propos recueillis par Marie-France Poirier