« Nous sommes un acteur économique de premier plan »

Alors que l’office public dijonnais s’apprête à fêter son 90e anniversaire et avant, loi oblige, de rejoindre la Communauté urbaine dijonnaise, son président Hamid el Hassouni fait un point d’étape : constructions et éco-réhabilitations représentent les deux piliers de l’activité de Dijon Habitat qui pèse quelque 10000 logements.

Que de chemin parcouru depuis la création de l’opérateur public que vous présidez… Pouvez-vous, en quelques chiffres, nous résumer le poids de Dijon Habitat en 2016 ?
Hamid el Hassouni : « 2016 est une année exceptionnelle parce que nous allons célébrer le 90e anniversaire de notre structure. Depuis 1926, Dijon Habitat, ex-OPAC, est intimement lié à la transformation et à la métamorphose de la ville de Dijon. C’est le bras armé et l’élément structurant en terme d’urbanisme. Dijon Habitat, aujourd’hui, représente 10000 logements répartis quasi-exclusivement sur l’agglomération dont 74% sur Dijon. Nous logeons 20 000 personnes dont 25% sont des enfants. Chaque année nous attribuons en moyenne 1200 logements, ce qui représente plus de 50% des attributions de l’ensemble des bailleurs ».

Combien de logements produisez-vous en moyenne par an ?
H. el H. : « Notre cœur de métier est de bâtir des résidences à taille humaine et accessibles à tous. Nous prévoyons un rythme annuel de construction de 150 logements afin de répondre à la préoccupation des Dijonnais et Grands Dijonnais qui rejoint bien évidemment celle des Français. Il faut savoir que 70% des Français sont éligibles aux logements sociaux, ce qui signifie que la file d’attente est importante. Sachez que l’on a environ 8000 demandes de logements tout bailleur confondu en attente dans notre agglomération ».

Vous bâtissez mais vous devez aussi entretenir votre patrimoine…
H. el. H. : « Avec la construction, le deuxième pilier de Dijon Habitat est l’éco-réhabilitation du parc ancien et ce, afin d’améliorer la qualité de nos logements mais aussi de redonner du pouvoir d’achat aux locataires en réduisant leurs charges, notamment énergétiques. Nous apportons ainsi notre pierre, dans le cadre de la COP 21, à la réduction de l’émission des gaz à effet de serre. A l’horizon 2025, 3000 logements auront été éco-réhabilités. Le principal chantier actuel se situe sur le quartier de la Fontaine d’Ouche qui représente l’une de nos priorités absolues. Nous marchons ainsi sur deux pieds : la construction neuve et les éco-réhabilitations ».

Vous êtes un acteur majeur de la rénovation urbaine. Que vous reste-t-il à faire aux Grésilles pour que ce quartier soit définitivement transformé ?
H. el H. : « Nous allons terminer les démolitions avec la déconstruction de la cité Réaumur et de ses 140 logements d’ici la fin de l’année. Le transfert des cellules commerciales se poursuit, tout comme la réhabilitation d’un certain nombre de bâtiments. Nous allons ainsi terminer d’ici quelques semaines celles des immeubles Gutenberg, Heredia et Jouhandeau, soit 240 logements. La cité Boutaric et l’immeuble Joliot-Curie suivront… Alors sera achevé l’essentiel de la rénovation urbaine des Grésilles… Sur ce quartier le pari est gagné en terme de modification d’image. Il y a des signes qui ne trompent pas. Des familles souhaitent s’installer sur les Grésilles… La population augmente. Nous sommes à 7800 aujourd’hui contre 6300 il y a 6 ans et des classes ouvrent dans les écoles… »

Combien investissez-vous en moyenne dans l’économie locale ?
H. el H. : « Nous sommes un acteur économique de premier plan. Nous faisons partie des premier donneurs d’ordre. C’est un choix murement réfléchi et volontariste. Nous avons décidé de continuer à investir pour nos locataires tout en permettant aux entreprises de remplir leur carnet de commandes. Nous participons, par là-même, activement à la bataille pour l’emploi. Nous alimentons ainsi le cercle vertueux de l’économie locale parce que ce sont des emplois non délocalisables. Nous pratiquons le principe de l’allotissement qui donne une chance aux entreprises locales. Au final, près de 80% des entreprises qui œuvrent pour Dijon Habitat sont originaires du département. Dans le budget 2016, pas moins de 48 M€ d’investissement sont prévus et 5 M€ de maintenance. Cela a forcément un effet levier et cela contribue en partie à ce que, sur Dijon, le taux de chômage soit de 2 points inférieur à la moyenne nationale ».

Jouez-vous également la carte de l’insertion ?
H. el H. : « Nous appliquons systématiquement les clauses d’insertion en réservant 10% des heures travaillées pour favoriser le retour des personnes éloignées de l’emploi. En 2015, ces clauses ont permis à 106 personnes d’êtres positionnées sur nos chantiers, ce qui représente 22000 heures d’insertion. Nous avons aussi monté des chantiers de proximité avec l’Acodège pour donner du travail à des jeunes…

Qu’en est-il de votre politique d’accession à la propriété ?
H. el H. : « Avec le PSLA (Prêt social location accession), nous voulons favoriser le parcours résidentiel de nos locataires et des Grands dijonnais afin qu’ils deviennent propriétaires. Dans le même temps, cela nous permet de dégager de nouvelles recettes. Un exemple illustre parfaitement la volonté qui est la nôtre : les 20 logements en accession sociale à la propriété de la résidence L’Oriale rue Ernest-Lory, avec des prix défiant toute concurrence grâce à une TVA à 5,5%, une exonération de la TFPB (taxe foncière sur les propriétés bâties) sur une durée de 15 ans. Cela fait désormais partie de notre feuille de route ».

Pourquoi avez-vous signé un partenariat avec Orange ?
H. el H. : « Nous essayons aussi d’apporter des valeurs ajoutées dans nos prestations. Ce partenariat avec Orange pour la Fibre optique en est un exemple. Nous œuvrons au raccordement de la quasi-totalité de notre parc. C’est un élément majeur pour nous car il permet de réduire la fracture numérique et d’accroître l’attractivité des logements du parc social. Nous généralisons l’installation des compteurs d’eau (télé relevé) qui nous permettent d’identifier les pics de consommation traduisant forcément une fuite ou de mauvaises habitudes chez certains locataires. Nos services peuvent alors intervenir techniquement et sensibiliser les locataires afin qu’ils s’y retrouvent in fine. N’oublions pas que la consommation d’eau, avec l’énergie, représente tout de même 25% des charges ».

La loi dite ALUR modifie les modalités de rattachement des Offices publics d’habitat. Vous allez ainsi quitter la Ville de Dijon pour rejoindre la Communauté urbaine. Quels changements sont à attendre ?
H. el H. : « Nous appliquons la loi et cela n’engendrera aucune révolution puisque notre périmètre d’intervention est déjà celui du Grand Dijon. Nous intervenons dans 19 communes sur 24. Seule la composition du conseil d’administration, avec la participation des élus communautaires, changera. Le fait d’être rattaché, au 1er janvier 2017, à la communauté urbaine prend tout son sens puisque nous participons au développement du territoire de l’agglomération. Nous allons continuer de construire au service du territoire ».

Propos recueillis par Xavier Grizot