Bac 2015 : Pourquoi le lycée Carnot est-il le meilleur élève du Grand Dijon ?

Est-ce l’esprit cartésien ? Pas de doute, la France adore établir des classements et dresser des palmarès. Comme tous les ans, L’Express vient de satisfaire aux us et coutumes, offrant une nouvelle fois l’occasion de mieux guider (peut-être !) vos enfants au sortir du collège… Ou de regarder avec une curiosité mâtinée de nostalgie le classement de votre ancien lycée ! Le grand « gagnant », c’est le lycée Carnot qui se hisse à la première place à Dijon, parvenant par ailleurs au rang de 161ème sur les 2277 établissements du second degré de l’hexagone. Pour réaliser ce bilan, l’hebdomadaire avait retenu trois critères, dont notamment le taux de réussite au bac en 2015 ainsi que la capacité à faire progresser les élèves par rapport aux résultats de l’année précédente (1).

Dijon L’Hebdo donne La Parole à Michel Gey, proviseur du Lycée Carnot. Michel Gey a opté pour la carrière de chef d’établissement à trente-trois ans, ce qui en a fait l’un des plus jeunes de France. Il a publié une trentaine d’ouvrages de grammaire et de linguistique aux éditions Nathan.

Dijon l’Hebdo : Le Lycée Carnot possède depuis des décennies la réputation de figurer parmi les meilleurs en Bourgogne, notamment du fait de ses classes prépas. Quel regard portez-vous sur cette « pôle-position » que vient de vous attribuer l’Express? Quelles réflexions vous inspire cette note de 16,5 qui vous est assignée dans ses colonnes?

Michel Gey : Tout d’abord, je tiens à souligner que ces résultats sont le fait de l’excellent travail de l’équipe de direction pilotée au cours de l’année scolaire 2014/2015 par le proviseur de l’époque Hélène Rabaté. Pour en revenir de façon plus générale au palmarès de L’Express, j’estime qu’il est sage de prendre du recul, car il y une part aléatoire dans tout ça. Je m’en explique : on peut fort bien ne pas changer de politique d’établissement et, selon les années, devoir faire face à des promotions d’élèves plus ou moins solides. Disons que je préfère observer une prudence diachronique, sur le traitement médiatique dans ce domaine…

Certes, le lycée Carnot obtient d’excellents résultats. Mais, il ne faudrait pas en donner l’image fausse d’un établissement élitiste. Nous jugeons des admissions d’entrée à Carnot au vu des dossiers des élèves, et ce, en fonction des mêmes critères que ceux appliqués dans les autres lycées. Notre équipe dirigeante fait sienne la charte républicaine : donner tout son sens à l’égalité des chances, mettant à la disposition des élèves les moyens de parvenir à un très bon niveau et de donner leur pleine mesure …

Voilà qui me conduit à évoquer cette notion trop souvent ignorée d’un Lycée Carnot que je qualifie d’ « accompagnateur », et qui est à la base de nos bons résultats. En clair, cela signifie qu’on suit attentivement chacun de nos élèves. Je tiens à saluer le travail fourni par la douzaine de personnes de notre service de Vie Scolaire qui joue un rôle prépondérant notamment auprès du millier d’étudiants que comptent nos classes prépas. Le courant passe bien : l’équipe Vie Scolaire se montre vigilante, attentive et s’ingénie à pallier les petits comme les gros problèmes que peuvent rencontrer ces jeunes-gens.

D’une façon plus globale, je suis souvent témoin de l’attachement, de l’engagement des professeurs de Carnot pour leurs élèves. Ce n’est pas exagéré de dire que ces derniers adorent leurs enseignants qui savent donner le « bon » coup de main, se montrer exigeants ou rigoureux si besoin est !

L’équipe d’Hélène Rabaté a initié un très beau projet qui est celui de faire venir de grands conférenciers, principalement dans les classes prépas. Ce sont là des personnes qui matérialisent avec brio notre démarche. C’est ainsi que Michel Vernus est intervenu pour traiter de la question des nations au sein de l’Europe du XIXe, que la sinologue Isabelle Thireau a traité de la question : « Où en est la société chinoise ? ». Plus près de nous, Aubert de Villaines, l’un des propriétaires de la Romanée-Conti , nous a entretenu des climats de Bourgogne. En mai prochain, nous recevrons le directeur du CEA de Valduc…

Enfin, je souhaite dire un mot de notre lettre hebdomadaire « Carnews », lue par les élèves, les professeurs, les parents et bien des partenaires de la société civile. C’est une petite gazette qui parle de tout ce qui constitue la vie de notre établissement. On y annonce les projets, les débats-citoyens (sur la Res Republica par exemple), ou encore les concerts dans la chapelle… C’est là un élément très fédérateur ! D’ailleurs, à chaque numéro, je glisse une pensée, une citation en guise de ponctuation de l’actualité. Ainsi à la mort de Guy Béart, j’avais choisi l’une de ses pensées que j’aime beaucoup et qui donne à réfléchir : « Il y a ceux qui veulent faire quelque chose pour devenir quelqu’un. Il y a ceux qui veulent devenir quelqu’un pour faire quelque chose. »

Propos recueillis par Marie-France POIRIER

NDRL :(1) L’Express s’appuie sur le classement établi annuellement par l’Education Nationale.