François Rebsamen et les grands travaux 2016

Depuis le 1er janvier, Dijon est la capitale de la nouvelle grande région Bourgogne Franche-Comté. Qu’est-ce que ça va changer concrètement pour la ville dont vous êtes le maire ?
Ca va renforcer la place de Dijon sur la carte nationale et bien évidemment son attractivité. Dijon fait désormais partie d’un nouveau club très fermé, c’est celui des treize capitales régionales et Dijon y tiendra toute sa place.
Contrairement à ce que j’entends ici ou là, Dijon n’est pas la plus petite capitale régionale. Sa population qui se développe témoigne de son rayonnement.
…Ce qui va dans le sens de ce magazine national qui titrait récemment : « Dijon a tout d’une grande »… en référence à une publicité télé sur la Renault Clio. Pourtant, on pourrait considérer, si on reste dans l’image automobile, que, depuis une dizaine d’années Dijon a gagné en confort, en tenue de route et surtout dispose d’une plus grosse cylindrée qui lui permet de gagner des podiums…
C’est vrai. Les podiums se succèdent les uns aux autres. Quand j’ai donné des ambitions, des défis, des objectifs élevés à relever certains ont parfois souri… Dijon se veut être une référence écologique en France. De toutes les villes françaises, c’est celle qui a la meilleure qualité de l’air. Dijon, grande ville sportive, on le savait déjà mais cela a été confirmé par un podium. Dijon, ville culturelle, si je ne prends qu’un exemple, c’est le rayonnement de son opéra qui est retransmis sur Radio Classique à chaque manifestation.
Dijon est reconnue comme une communauté urbaine attractive et rayonnante… Dijon est reconnue comme une ville qui se développe… Dijon a tout d’une grande mais on cultive notre différence. Les anglo-saxons qui nous visitent en grand nombre, ne disent-ils pas : « Small is beautiful » ?
Dijon porte d’ambitieux et grands projets. L’élection à la présidence de la région de votre collègue socialiste Marie-Guite Dufay préservera-t-elle le soutien sans faille que vous aviez obtenu jusqu’à présent avec François Patriat ?
Je l’espère. Je proposerai à Marie-Guite Dufay, en lien d’ailleurs avec le maire de Besançon, dans une démarche commune, que les deux grandes villes qui vont créer un espace métropolitain entre elles, fassent les démarches communes pour que soit passé un contrat de développement. Besançon n’est pas une concurrente mais une partenaire.
Dijon est bien représentée dans l’exécutif régional avec deux vice-présidents issus de votre majorité municipale : Océane Charret Godard à la recherche enseignement supérieur et université, et Denis Hameau à l’économie sociale et solidaire. C’est la génération montante du parti socialiste qui prend ses marques ?
C’est bien qu’il y ait des jeunes qui s’engagent. C’est une chance pour la gauche, pour les socialistes à Dijon. Il y a beaucoup de talents au sein de l’équipe municipale : Océane Charret Godard, Denis Hameau que vous avez cité. Mais aussi Nathalie Koenders, Laurent Grandguillaume qui a déjà pris son envol, Hamid El Hassouni, Nuray Akpinar, liste Quam, Benoît Bordat… C’est l’assurance d’avoir demain des élus en responsabilité qui se préoccupent de l’intérêt général
Une dernière question sur la région : comment résumeriez-vous l’action de François Patriat durant ces douze dernières années ?
Comme toujours quand il y a deux mandats, le premier a été plus structuré que le second. Pourquoi ? Parce que François Patriat a gagné en 2004 avec un programme structuré que nous avions élaboré ensemble. En 2010, il a gagné sur sa propre personne.
Si je devais définir son action pour la Bourgogne, je mettrai en avant l’action bénéfique pour le développement économique, pour la recherche et l’innovation.
Au-delà de son côté rural, terrien, François Patriat a montré un réel attachement à la vie des entreprises, à l’université. Deux secteurs qui n’ont eu qu’à se féliciter des deux mandats de François Patriat.
Retour sur Dijon avec d’importants travaux qui vont démarrer en ce début d’année. A commencer par la piétonnisation des rues Charrue et Piron…
il y a une unité dans le plan de développement des zones piétonnes. C’est donc la poursuite de l’aménagement du centre ville. La piétonnisation des rues Charrue et Piron va redonner du souffle à l’activité commerciale en faisant apparaître une plateforme qui mettra en valeur les boutiques. Chacun doit bien comprendre que, dans cette partie de la ville, les voitures de transit n’apportent rien au commerce local qui gagne à avoir des rues dans lesquelles on peut faire ses courses sereinement.
N’oublions pas non plus que les rues Piron et Charrue bénéficient de parkings de proximité : Dauphine bien sûr mais aussi Sainte-Anne dont il convient d’améliorer la signalétique. Au bout du compte, on aura un bel espace très cohérent.
Vous évoquiez le parking Dauphine, comment va évoluer le centre commercial installé au-dessus ?
La ville doit inciter les propriétaires à réfléchir à l’évolution de leur propre structure. Le problème de ces centres commerciaux, nous avons connu une situation similaire avec celui de la Fontaine d’Ouche, c’est la multi-propriétés.
Je rappelle des difficultés qu’il a fallu surmonter pour inverser le sens du parking souterrain qui, en 2000, débouchait sur la voie piétonne, rue du Bourg. Vouloir le changement, à cette époque, c’était déjà énorme.
Je me rappelle aussi cette réflexion que me faisait un certain nombre de commerçants propriétaires de cellules : « Les femmes n’arriveront jamais à accélérer dans cette montée qui mène rue Bossuet ». Vous noterez qu’il y a toujours autant de femmes qui fréquentent le centre Dauphine…
Dans le registre travaux, le Musée des Beaux-Arts va entamer rapidement la transformation de la quarantaine de salles qui n’ont pas encore été rénovées…
C’est un dossier compliqué. Mon prédécesseur avait d’ailleurs multiplié les études pour la rénovation de ce musée. Il a fallu faire des opérations « tiroirs » pour répartir les 50 millions d’euros de travaux. Mais quand on voit le succès de la première phase, nul doute que la suite des travaux renforcera l’attractivité du Musée des Beaux-Arts. Ce sera un des plus beaux musées de France et les Dijonnais en seront très fiers.
Dans le domaine culturel, c’est aussi la salle de spectacles de La Vapeur qui va subir sa cure de jouvence…
C’est un équipement qui a été réalisé en 1995 par mon prédécesseur qui avait du faire face à la pression des jeunes. Le bâtiment a vieilli et il faut le mettre aux normes. Je me réjouis du succès que rencontre cette salle de spectacles. Un succès auquel il faut associer son directeur, reconnu et apprécié dans le milieu culturel. Et puis La Vapeur c’est un lieu de musiques actuelles reconnu sur le plan national. Ces travaux contribueront à la poursuite de son essor.
Le 1er décembre dernier, la première pierre de la nouvelle tribune est du stade Gaston- Gérard a été officiellement posée. Des travaux qui pourraient ne pas être financés à la hauteur prévue par le conseil départemental que préside François Sauvadet. Vous prenez cette menace au sérieux ?
C’est malheureusement devenu une habitude. Le président du conseil départemental s’appuie sur une stratégie d’évitement en ne répondant pas aux questions ou en disant : « Je n’ai pas reçu le dossier » ou bien encore : « Il ne m’a pas été présenté »…
François Sauvadet connaît très bien le projet de la tribune Est. Il a participé aux financements des autres tribunes. Il vient de temps en temps au match quand il y a un intérêt, l’équipe s’appelle « Dijon foot ball Côte-d’Or ». Il a dit ne pas vouloir financer dans la mesure où la ville touchait un loyer. Ce qu’il ne sait pas c’est que c’est une obligation légale que de toucher un loyer sur tous les équipements sportifs qu’utilisent les clubs professionnels. Ce qui est vrai pour le DFCO est également vrai pour la JDA, le DBHB… On ne construirait plus jamais un star si on écoutait ce que dit François Sauvadet. je pense que la raison va revenir. Je souhaite qu’on dépasse ces petites polémiques politiciennes qui ne nous grandissent pas. C’est une main que je tends. François Sauvadet n’a pas été élu président de la région. Il reste président du département. Il doit travailler avec la ville comme il l’avait fait il y a quelques années. Il doit prendre en considération Dijon et ne pas penser toujours à sa reconquête pour un parti politique qui n’est pas le sien.
2016 rimera donc avec petits et grands travaux ?
C’est vrai qu’il ne faut pas oublier les Halles et sa situation paradoxale. Les commerçants bénéficient d’une situation très privilégiée. Pour des loyers très modestes, ils disposent d’une situation centrale exceptionnelle. On va poursuivre les travaux en étapes sans dénaturer les Halles.
À la demande des commerçants, afin d’améliorer le confort thermique, un nouveau système radiants haute température va remplacer l’ancien système de chauffage, devenu obsolète. Ces travaux s’inscrivent dans la continuité des opérations de rénovation menées cet été par la ville, avec le changement des portes automatiques de ce bâtiment inscrit aux monuments historiques. L’installation de rideaux électriques d’air chaud au niveau des quatre portes principales et la fermeture des petites portes, en cas de froid extrême, vont également permettre de limiter les courants d’air froid.
J’ai aussi demandé à mon adjointe Danièle Juban de travailler avec les commerçants pour qu’il y ait le dimanche matin un marché dont pourraient bénéficier les Dijonnais.
Donc des commerces ouverts le dimanche ?
J’ai déposé un dossier à Paris pour que le centre ville de Dijon, c’est à dire son secteur sauvegardé reconnu au Patrimoine mondial de l’UNESCO plus la zone de la future cité de la gastronomie, soient classés zone touristique internationale. Ce serait pour les commerces qui le souhaitent la possibilité d’ouvrir les dimanches, quand ils le veulent, dans le cadre bien sûr d’accords avec les salariés sur la base des textes de loi.
Cette reconnaissance serait un formidable atout pour le développement de notre centre ville.
Et puis il y a le dossier « Cité de la gastronomie ». Où en est-on précisément aujourd’hui ?
Lors du conseil municipal du 25 janvier, je proposerai de répondre à l’offre de vente que fait le CHU pour acquérir le terrain de l’ancien hôpital général pour le revendre ensuite à Eiffage qui aménagera la Cité de la Gastronomie.
Avec 200 millions d’euros d’investissement, c’est un formidable projet pour les entreprises dijonnaises en même temps qu’un formidable projet pour Dijon.
On achètera au prix décidé à la vente par la direction nationale des Finances, à savoir France Domaine qui a fixé le coût d’acquisition à 14,2 millions d’euros. Une vente que le
conseil de surveillance du CHU a voté à l’unanimité mois une voix contre. La ville prendra à sa charge la moitié des frais de désamiantage et un tiers des coûts d’études.
Nous revendrons ensuite le terrain à Eiffage qui prendra à sa charge l’aménagement.
« Dijon engagée pour le climat » : le message s’est affiché sur une rame de tramway du Grand Dijon relookée à l’occasion de la COP21. Un tram tout en vert pour rappeler que Dijon est une référence écologique en France. Cela ne vous donne pas des idées pour diffuser d’autres messages citoyens aux Dijonnais ?
Ca donne effectivement des idées. Pour des messages aux Dijonnais mais aussi pour des entreprises la possibilité de faire une publicité de marque ou de valoriser certains de leurs produits. C’est une éventualité qu’il ne faut pas écarter. On ne s’interdit rien mais on regarde avec toute la prudence qui s’impose car je ne veux pas dénaturer la beauté de ces rames.
Concertation et opposition semblent être les deux facettes de la droite locale dont une partie a décidé de tendre le débat surtout au sein de l’assemblée du Grand Dijon, brisant ainsi un vieux consensus. Comment réagissez-vous à cette logique d’affrontement qui s’est mise en place ?
A Dijon, on a l’habitude d’un débat politique assez vif qui ne rapporte pas à l’opposition. Je l’ai déjà dit : je n’avais pas ces relations là avec mon prédécesseur Robert Poujade. Nous n’étions pas d’accord, nous avions des visions différentes, nous avons eu des moments de tension mais il n’y a jamais eu cette agressivité que je ressens parfois et que j’ai trouvée parfois déplacée à l’endroit d’Alain Millot. Je me permets de le souligner. Ca ne porte pas chance électoralement à l’opposition mais si elle veut continuer…
Au Grand Dijon, il n’y avait pas d’opposition jusqu’à présent. Une opposition républicaine a voulu se structurer avec Gilbert Menut à sa tête. Ce que je regrette, c’est qu’on retrouve dedans les opposants de Dijon. Je pensais que quand on était élu de Dijon, on défendait Dijon même quand ce n’était pas votre majorité. On est, je pense, d’abord élu de la ville. je pensais donc que dans une autre collectivité, on allait prendre la défense de Dijon. Et bien non… C’est même l’inverse. Pour ce qui me concerne, quand j’étais dans l’opposition à Dijon, je demandais à l’Etat d’aider Dijon. Je ne lui demandais pas de serrer la vis. J’ai quelques exemples d’aménagements de casernes où l’Etat a répondu à mes sollicitations.
Maintenant, l’opposition qui s’est organisée au Grand Dijon est respectable. Je la regrette et je souhaite qu’elle ne devienne pas systématique. Je fais confiance à Gilbert Menut pour respecter dans les normes républicaines que l’on connaît.
Quand vous faites visiter votre ville, que montrez-vous en premier ?
Je commence par mon bureau qui est une belle introduction à la visite du Palais des Ducs puis du Musée des Beaux-Arts. Ensuite balade au centre ville avec un arrêt place Darcy pour prendre le tram qui va dévoiler d’autres facettes de la ville et d’une partie de son agglomération. Ensuite, j’aime bien montré tout ce qui a été fait dans les quartiers que ce soit aux Grésilles ou à la Fontaine d’Ouche. J’aime aussi montrer la rénovation de nos places.
Et si c’est soir de match, vous emmenez vos invités au DFCO ?
Oui, je les emmène voir la troisième tribune qui se construit…
Le DFCO en ligue 1, c’est pour la fin de saison ?
Cette année, j’y crois. Comme tous les supporters, je croise les doigts…
Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE