2 rue Mably

Un siècle en arrière, le moyen le plus utilisé pour se rendre à ses occupations vivrières est la marche à pied, de plus, il n’y a pas encore de concentration en un ou plusieurs lieux des emplois secondaires ou tertiaires. Dans les petites entreprises familiales, les ouvriers, les employés mangent sur place avec le patron qui habite au dessus des ateliers ou sur cour. Ainsi, à Dijon, plusieurs entreprises de serrurerie ou de fumisterie sont en plein centre ville et même une entreprise de vinaigre ou de commerce de vins en gros sont à deux pas du coin du Miroir. La marche à pied a les faveurs des loisirs, ainsi un jeune homme de Plombières-les-Dijon, le dimanche allait rendre visite à sa promise chez ses parents à Mirebeau, déjeunait, devisait sur place et revenait à la tombée de la nuit chez ses parents toujours porté par ses jambes. Les plus fortunés achetaient un vélocipède, ce qui permettait d’économiser du temps sur les déplacements et de choisir des emplois plus éloignés. Les engins se perfectionnent : le roue arrière présente un pignon de diamètre différent de chaque côté de la roue. On dévisse les ailettes de serrage, on retourne la roue et on obtient deux vitesses pour aller plus vite ou monter la pente plus facilement. Puis, il y aura les transports publics : trams, trolley-bus et trains pour les villages d’alentour, mais aussi les vélomoteurs et les motocyclettes. La rue Mably donnait sur la place, le terre-plein face aux ruines du château des Gendarmes et à l’angle avec la rue de la Poste, la maison possède un jardin avec un haut mur. Poussé par l’expansion des activités, ce jardin sera transformé en atelier sans étage avec une cour intérieure. Ce local verra l’installation des Ets Rion (téléphone 25.21) avec l’entrée sur l’angle de la place et entrée sur chacune des rues dont 2 rue Mably. Cet établissement, en plein centre ville, va prospérer, utilisant l’apocope dans sa publicité, “tout pour la moto et le vélo”, le moteur ayant pris le dessus sur les mollets. Vous pourrez choisir entre les marques Monet-Goyon, Gnome-Rhône, Automoto, Motoconfort, Jawa, Rhonson, Fonlupt, Bernardet, Gima; la mondialisation n’est pas encore là. Le choix est grand. Pour suivre la mode les Ets Rion, vont proposer le scooter Lambretta, fin des années 50. La concurrence des automobiles à prix modiques amènera la chute de ces engins et le magasin sera rasé.

Dijon et le scooter Avant la représentation des établissements Lambretta par l’entreprise Rion, sur Dijon, les passionnés de ce type d’engin pouvaient se procurer le scooter Vespa, onomatopée italienne du bruit du moteur du deux roues, semblable au bruit de l’insecte portant ce nom, c’est à dire, la guêpe. Ce scooter, très nerveux avec des reprises vives, très différentes de celles d’un vélomoteur, a la faveur des jeunes, avantage qui sera poussé avec l’apparition du moteur de 150 cm3. Le sooter est inventé en 1902 par le français Gauthier. L’astuce réside dans un cadre en forme de berceau, ce qui évite de monter l’engin à califourchon et permet de fixer un tablier à l’avant. Il doit être adéquat pour des conductrices qui, à l’époque portaient des robes jusqu’aux chevilles. Et pourtant, il ne sera pas commercialisé car c’est une acquisition très onéreuse. Rares sont les femmes qui peuvent l’acheter et par ailleurs, on ne verrait pas d’un bon œil de modernes amazones sur ces engins pétaradant et dont il faut très souvent procéder à des réglages de carburation. C’est la vie trépidante d’après 1950, le développement des activités tertiaires avec des lieux de travail éloignés des logis, la protection des vêtements pour des employés hommes et femmes qui peuvent venir en costume ou robe aux bureaux ou aux magasins.